Cette semaine, sur Site et Cité, j’aimerais vous parler de quelque chose que je ne connais pas, une exposition que je n’ai pas vu. Rassurez-vous je ne compte pas pour autant parler pour ne rien dire (pas encore !)
Depuis que je suis Valence, j’ai délaissé les musées, peu nombreux dans ma ville, pour épanouir ma vie culturelle sur d’autres supports : la nature, le sport, la vie locale… La profusion de l’offre n’a rien à envier à la diversité de Paris, mais quelque fois parmi le programme des expositions des musées parisiens, je tombe sur un sujet qui me donne envie d’une petite virée.
Ainsi ce billet a surtout pour but de vous faire parler si vous avez eu la chance de visiter l’exposition Habiter le campement, visible à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris.
A travers un reportage photographique réalisé sur une cinquantaine de camps contemporains, l’exposition interroge le rapport entre l’habitat, qui implique une pérennité et le campement, destiné à être provisoire. Mais à chaque camp, ses raisons et son architecture urbaine et sociale : camps de nomades, de voyageurs, exilés en attente de régularisation, contestataires faisant le pied de grue … Le contexte d’accueil évidemment n’est pas le même quand le rassemblement est choisi ou imposé, nomade ou durable.
Cette exposition offre une occasion de rendre visible ces camps, dont l’actualité et les médias nous abondent en évoquant surtout la présence politique et sociale, et peu son architecture et son urbanité. Ou alors est-ce le contraire ? Est-ce que le démantèlement de certains camps tend à disperser les rassemblements, à rendre invisible dans le paysage les nécessités sociales qui poussent à faire ville ? Est-ce la représentation et l’architecture de ces camps qui dérangent ?
Les campements posent de fait des questions essentielles sur les besoins minimaux d’habitat, qui transforment l’abri en une construction sociale et humaine. Et en parlant de minima, le sujet choque si on les sait non atteints, comme dans les « jungles » actuelles. Les campements nomades induisent quant à eux une forme d’habité radicalement différente de la culture sédentaire et consumériste dominante en France, mais n’est-ce pas pour autant un univers intéressant ? Le rapport aux camps s’engage aussi dans sa dimension paysagère. Le camp impose-t-il des limites pour autarciser ses habitants ou est-il ouvert sur son environnement dans une approche d’échange avec le territoire dans lequel il s’implante ?
Tant de questions qui méritent réflexion ! L’exposition doit à coup sur en apporter certaines ou du moins documenter le sujet pour enrichir nos connaissances sur les campements. Privée de cette visite, je compte sur vous, si vous êtes passés par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, pour me faire part de vos expériences !
Pour compléter le sujet
– l’émission Terre à Terre de France Culture invitait le 12 avril Michel Agier, anthropologue, à venir parler d’ «un monde de camps ». A réécouter ici en podcast.
– Patrick Bouchain et Philippe Trétiack interviewés à La Grande Table, lors d’une émission intitulé Le campement, avenir de l’architecture? sur France Culture toujours.
Le petit son de l’article : Klangkarussell – « Sonnentanz »
2 réflexions sur “// UN MONDE DE CAMPS”