C’était la nouveauté écologique de la rentrée, aussi glamour qu’un acteur hollywoodien, aussi sérieux que puisse l’être le sujet. Dans l’équipe de Site[et]Cité, nous avons vu et aimé le documentaire Before the flood produit et porté par Léonardo DiCaprio, et sommes ravis de vous le présenter aujourd’hui.
L’environnement est un sujet urgent et terriblement actuel. Comme nous avons pu le voir dans l’article publié la semaine dernière « les métropoles africaines au regard du changement climatique », les problématiques liées au climat nous touchent dans tous les domaines : alimentation, habitation, santé et sécurité, nous sommes tous concernés et menacés par les modifications de notre environnement. Notre action comme notre inaction (action passive) participent au mouvement global d’un monde qui change et dont la mutation atteint une vitesse excessive et sans précédent.
Les reportages sur le sujet sont toujours les bienvenus car ils aident à une prise de conscience sur les réalités d’un monde pluriel. La formation et l’information sont indispensables, elles ouvrent le débat et croisent les horizons. Tel est justement l’un des objectifs de ce documentaire. Léonardo DiCaprio lève le voile sur les climatospectiques qui sévissent et régissent en majorité au sénat aux Etats-Unis. Il pointe la désinformation massive que subit le peuple américain et utilise son image de marque pour toucher le plus grand nombre de concitoyens et communiquer un autre regard sur le réchauffement climatique, celui alarmiste de la vérité.
Leonardo DiCaprio est depuis longtemps un acteur engagé pour le climat. Son intervention n’est pas unique et est encouragée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui l’a nommé « Messager de la Paix des Nations Unies pour le climat » depuis 2013. Before the Flood a été réalisé par Fisher Stevens, réalisateur bien connu des causes écologiques, qui a été félicité par l’Oscar du meilleur documentaire en 2010 pour son film The cove, qui évoquait le massacre de dauphins au Japon. Deux pointures réunies.
Nous dirons quelques mots de Before the Flood, mais sachez que le film est disponible en intégralité et gratuitement sur Dailymotion, 1h30 de visionnage, prenez le temps de caler cette séance dans votre semaine. Si vous êtes pressés, de nombreux extraits sont disponibles sur le site de National Geographic. Organisés par thème et doublés d’articles sur chaque topic, le distributeur du film offre un très bon outil pour découvrir les thèses majeures du documentaire.
LE JARDIN DES DELICES
Tout commence par la description du tableau “Le Jardin des Délices” de Jérôme Bosch. Sur ce triptyque du début du 16e siècle, Léonardo DiCaprio y voit une annonce de la société en marche. A gauche, l’harmonie du monde initial. De nombreuses espèces sont présentes, dans les airs, sur la terre et dans les eaux, l’homme et la femme sont réunis au devant la scène, dénudés et calmes. Le ciel et l’horizon sont dégagés.
Au centre, les délices sont consommés et le monde s’agite. Il se perd dans un foisonnement d’activités, dont les scénettes peuvent satisfaire de nombreuses séances d’observation. La population d’hommes et de femmes s’est multipliée, certaines espèces sont asservies au profit d’autres, parfois même les hommes entre eux. Je laisserai chacun zoomer et trouver ses détails préférés, je vous inviterai simplement à regarder les étranges architectures qui habitent l’horizon, des palais luxuriants, mi boule, mi tour, fascinant non ?
Biensur, cette situation de profit loufoque renvoie à une société décadente en perte sur les valeurs du monde. Léonardo DiCaprio y voit un parallèle avec la marche du monde et tremble devant l’annonce prophétique que nous projette le peintre avec son troisième panneau. Sur le tableau de droite, l’ambiance est différente. Le monde s’est couvert de noir, d’étranges créatures menacent la sécurité des hommes, la guerre est déclarée avec violences et blessures, la terre brûle. Là encore, à vous de trouver vos visions préférées. Serait-ce les oreilles portant un couteau ou l’oiseau roi mangeant un homme, la vision est troublante. Voulons-nous vraiment finir dans cet univers?
« La peinture a beaucoup de choses à nous apprendre, elle nous apprend à voir. »
Marguerite Yourcenar
RÉVOLUTION, À NOUS L’ACTION
Telle est la question posée par ce documentaire. Léonardo DiCaprio dresse le portrait de notre société dans tout ce que nous ne voulons pas voir. Il est allé filmer les effets dévastateurs du changement climatique sur tous les continents et s’est arrêté pour rapporter différentes situations où l’homme massacre son environnement pour des raisons d’exploitation économique. Du Groenland qui fond à la Floride inondée, il survole ainsi une exploitation de gaz de schiste aux Etats-Unis ou les interminables champs de palmiers qui remplacent la forêt tropicale en Indonésie. Il va en Chine, en Inde, rencontre des grands dirigeants du monde (Barack Obama, John Kerry, le pape François, pour ne citer qu’eux), mais aussi des industriels qui souhaitent s’engager pour la révolution énergétique (à voir notamment le passage dans la Gigafactory de TESLA).
Le film rassemble plusieurs reportages parfaitement complémentaires, bluffant sans être surprenant, alertant sans être (totalement) pessimistes. Léonardo DiCaprio garde son cap sans prendre le parti du donneur de leçon, il questionne et écoute et nous invite à faire de même : à notre échelle, que pouvons-nous faire pour endiguer le problème ? Il est possible de se sentir tout petit face à la marche du monde, mais ce reportage rappelle pourtant que tout est lié et que les citoyens que nous sommes jouent aussi leur carte. Par notre pouvoir de consommateur, nous pouvons obliger les industriels à nous fournir les produits que nous voulons. Par notre vote, nous pouvons contraindre nos politiques à appliquer nos idées. Par notre engagement de colibri, nous pouvons petit à petit endiguer les bonnes pratiques et faire changer les choses.
A nous le pouvoir, il ne nous a jamais quitté !
Le petit son de l’article : Justice – « Stop »
Une réflexion sur “// AVANT LE DELUGE”